Photos de l'article Imprimer l'article Accueil Fermer cette fenêtre Imprimer l'article Accueil

René Castanet, tous ceux qui l'ont connu l'ont aimé.

Le 28 février dernier, René Castanet âgé de 89 ans nous a quittés. Rayon de soleil du vallon de Castel Merle, il restera l'emblème de ces familles du Périgord qui auront consacré leur vie au partage des merveilles de la Préhistoire, découvertes sous leurs pieds. Fils de Marcel, grand-père d'Isabelle qui continue de faire visiter et aimer le fabuleux vallon de Castel Merle empli d'abris préhistoriques ornés, il avait constitué une sorte de musée idéal au pied de sa maison jouxtant son jardinet où il taillait le silex avec une époustouflante dextérité. Cette école du bon sens et de la disponibilité où chacun pouvait s'attarder, aura inoculé le virus de la Préhistoire à des milliers de visiteurs tombés sous le charme du lieu et du personnage. Son ami Serge Maury, préhistorien et lui aussi tailleur d'exception, lui a apporté le jour de ses funérailles une pointe bifaciale en obsidienne rouge et noire, dans un morceau de cette roche volcanique que René lui avait donné. Sur cette pointe superbement réalisée, il a simplement gravé " à René " pour qui il nous a transmis ce message d'amitié :

 « René tu resteras pour moi ce témoin et acteur privilégié de l'histoire de la Préhistoire en Périgord. Ton vécu depuis ta plus tendre enfance auprès de ton père Marcel, pionnier parmi les pionniers, a forgé chez toi non une distance et une fierté savante mais une curiosité et un sens de l'échange et du partage unique dans le microcosme de la Préhistoire. Cette humilité et attachement à la vie, ta collection de nids d'oiseaux en est un témoignage émouvant. Lors de notre dernière rencontre, me voyant porter un regard admiratif sur un bloc de belle obsidienne... " Prends en un morceau... Je pense que tu en feras quelque chose de bien !... " Voici la pointe faite... Je n'ai malheureusement pas pu lui remettre en mains propres... Je suis sûr que ses yeux auraient brillé d'un plaisir discret et généreux... »



Ce samedi 2 mars 2013, la foule se presse autour de la petite église de Sergeac surplombant le vallon de Castel Merle. Une foule calme et chaleureuse, triste mais apaisée car celui auquel tous sont venus rendre un dernier hommage s'est éteint de façon sereine, dans son sommeil, comme il l'avait souhaité. René Castanet, tous ceux qui l'ont connu l'ont aimé.

Grand amoureux de la nature, fervent préhistorien, il était passé maître dans l'art de retrouver les gestes des tailleurs de pierre qui l'avaient précédé sur sa terre, laissant dans le vallon de Castel Merle trace du royaume de leur imaginaire sous forme d'une succession d'abris ornés et de parures et objets d'art magnifiquement ouvragés.

Son petit musée à taille humaine resplendissait par la qualité des pièces joliment présentées et par la lumière de son regard enjoué où brillait connaissance et bonté.

Pour l'accompagner dans le cimetière délicatement ensoleillé, gens du pays, préhistoriens, amateurs, amis et proches marchent à pas feutrés. La peine les étreint mais aussi la fierté de l'avoir côtoyé. Parmi ceux-ci deux amis de longue date, venus de Paris et de Normandie, avaient choisi d'avoir ici à Sergeac leur résidence d'été précisément pour être régulièrement à ses côtés. Jacques Delmon, fou de recherche préhistorique qu'il a pratiquée sur différents sites en France et en Indonésie avec son autre grand ami Henry de Lumley et Jean-Luc Piel-Desruisseaux, chirurgien, spécialiste de l'outil préhistorique, avaient tous deux préparé des témoignages simples et sincères de leur profonde amitié afin de restituer aux yeux du monde sa belle personnalité. Ils nous les ont confiés. Qu'ils en soient fraternellement remerciés. Ils sont pour René.

 

Sophie Cattoire

 

Pour René Castanet : deux ou trois choses que je savais de toi – 2 mars 2013

Comme tu vas me manquer, mon cher René !

Notre première rencontre remonte à 1976 et tu m’avais accueilli sur ton fier rocher de Castel Merle. C’est ton musée qui m’y avait attiré, c’est-à-dire la Préhistoire et aussi le nom si chantant de ce site magnifique. Mais c’est toi qui m’y fis revenir si souvent.

Régulièrement, le chemin de mes vacances d’été me ramenait vers Sergeac et vers toi car bien vite, ta riche personnalité a catalysé pour moi tout ce que j’aimais dans ta région.

Toi-même, ta famille ont facilité notre décision d’avoir une maison à Sergeac et permis notre installation. C’était pour moi un retour dans le pays de mes arrières grands parents paternels, mais plus encore une adhésion à une région qui nous était devenue grâce à toi familière. Ce fut aussi, au fil des années et de nos longues conversations, un magnifique chemin vers toi, mon cher René et aussi vers Andréa, ton épouse discrète et si attentionnée, à laquelle je pense tant aujourd’hui.

Les années ont passé, mais à chacun de mes retours au pays, je te devais toujours ma première visite. Dans les longs mois d’hiver, quand je ne venais pas, j’avais besoin d’entendre régulièrement ta voix comme celle d’Andréa, d’avoir de vos nouvelles à tous les deux, comme il y a peu, en début février, quand nous nous sommes encore parlé.

Tu n’avais pas seulement le « cœur gros », mon cher René, tu l’avais large et généreux !

Tu as tant apporté à tes semblables, à ta famille d’abord, à tes voisins et amis du village, surtout lorsque tu étais maire, à tous les visiteurs de ton musée, que ta riche personnalité impressionnait tout autant que ton érudition toujours imprégnée de l’infinie reconnaissance que tu témoignais à ton père Marcel qui, quand tu étais très jeune, t’avait fait goûter la « potion magique de la Préhistoire ». Mais tant d’autres domaines t’attiraient : l’histoire locale mais aussi l’astronomie, la vie des abeilles mais encore les nids d’oiseaux. Tu étais la Mémoire du Pays et le Sage que l’on venait consulter.

Tu aimais tant les animaux, le regard d’un chien pouvait si profondément t’émouvoir qu’ils sont nombreux les chiens perdus de la région qui se sont « donné le mot » pour se faire adopter par toi et Andréa. Même un petit marcassin, découvert gravement blessé par une chute dans le vallon, paralysé de l’arrière-train, a trouvé chez toi et Andréa, tout le secours bienveillant qui puisse assurer sa survie : élevé au biberon par Andréa, soigné par le vétérinaire que régulièrement tu faisais venir pour lui, ce petit marcassin a croisé, chez toi, au cours de sa brève existence « la bonté humaine ».

Quelle leçon tu nous donnais alors, sans jamais d’ostentation, dans la discrétion et la sobriété !

Un Président de la République même, que tu as croisé un jour ici, avait été impressionné par toi et voulait te revoir, pour poursuivre dans la tranquillité, une conversation humaniste dont il avait perçu toute la sagesse. Hélas, le destin ne lui a pas permis de te retrouver.

C’est à beaucoup que tu vas manquer, mon cher René !

A Andréa, ta bonne et tendre épouse Andréa bien sûr, à ta famille entière, à tes voisins et amis de Sergeac, à ceux du Périgord où ta personnalité était si appréciée, aux visiteurs français et étrangers qui venaient si nombreux, jeunes et moins jeunes, chaque année t’écouter avec passion. Tu leur as consacré ta dernière énergie, dans ton musée, à leur conter la longue histoire de nos ancêtres et tu les as aussi rendus sensibles à ta vision du monde si généreuse. Tu savais si bien parler de l’Homme quand tu en portais si haut les valeurs les plus nobles.

Quelle chance de t’avoir croisé sur cette Terre, mon cher René. Moi, je ne pourrai t’oublier !

 

Jacques Delmon

 

Mardi dernier, René, tu nous as lu ce qui sera ton dernier écrit, destiné aux visiteur de ton musée.

Tu racontais l'histoire d'une personne qui vivait à l'abri Blanchard sous Castel Merle et qui notait sur un petit morceau d'ivoire de mammouth ce qui était « destiné à composer un calendrier lunaire ».

Tu nous disais que « l'on peut imaginer qu'il s'agit du travail d'observation d'un homme de Cro Magnon intelligent, curieux et artiste qui s'asseyait très probablement chaque nuit devant son abri pour graver finement sur sa plaquette l'évolution de la forme de la lune dans les différentes phases successives et régulières, ainsi que le décalage du couché quand cet astre disparaît derrière le coteau de l'autre côté du vallon ».

Les qualités que tu as reconnues chez cet homme d'il y a bien longtemps : intelligent, curieux, artiste resterons pour nous les tiennes.

Sois certain René, nous entourerons Andréa afin que longtemps encore elle nous parle de toi et de tes passions.

 

Jean-Luc Piel-Desruisseaux

 

 

N.B. René et Isabelle Castanet avaient participé en automne dernier à l'enregistrement de l'émission Cap Sud Ouest réalisée par Martin Ducros et présentée par Éric Perrin consacrée au Patrimoine du Périgord. Cette émission en deux volets sera diffusée en avril sur France 3 AQUITAINE. L'occasion de retrouver cette famille qui poursuit la si belle tradition du partage des trésors laissés par nos lointains ancêtres en Périgord.

 

"La Dordogne, le pays de l'homme" sera diffusé le 13 avril à 16h20 et "Périgord, les 1001 châteaux" sera diffusé le 20 avril à 16h20.

Une avant-première de ces deux émissions aura lieu ce jeudi 4 avril à 19h30 au Musée national de Préhistoire des Eyzies.
Vous pourrez y assister en vous inscrivant au 05-56-01-38-66, dans la limite des places disponibles.

 

Copyright © Ferrassie-TV 2013 - 14 mars 2013 Photos | Sommaire