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ALAIN ROUSSOT : PASSEUR DE SAVOIR PRÉHISTORIQUE

Nous avions rencontré Alain Roussot sur le conseil d’Yvon Pémendrant, paysan propriétaire de la grotte de Bernifal, qui nous avait dit avoir tout appris de lui concernant les trésors d’art magdalénien - gravures, dessins - présents à Bernifal depuis 13500 ans. C’est à partir des connaissances transmises par Alain Roussot que lui et son frère, Gilbert, avaient appris à faire visiter de façon précise et calme leur bulle magdalénienne.
Affable et bienveillant, Alain Roussot avait accepté de nous recevoir chez lui et, le plus naturellement du monde, nous avait montré tout ce qu’il avait pu collecter tout au long de sa vie au sujet de la grotte de Bernifal. Or, il y avait tout, précisément. La première étude de l’abbé Breuil (1903), le compte rendu de fouilles de Denis Peyrony (1948), l’ensemble des contributions ultérieures de Brigitte et Gilles Delluc, Denis Vialou, Jean Vertut, Norbert Aujoulat, les frères Claude et Christian Archambeau, sans oublier son propre article sur Bernifal paru dans « l’Art des Cavernes », le très luxueux Atlas des grottes ornées paléolithiques françaises publié par le ministère de la Culture en 1984.
Donc Alain Roussot est absolument complet sur le sujet. Mais ce n’était pas tout. Ce sont en réalité tous les sites préhistoriques périgordins qu’il a de la sorte étudiés ! Car en vérité, depuis l’adolescence, il est le messager, l’observateur privilégié de la grande enquête menée par les meilleurs préhistoriens sur les traces de l’homme préhistorique en Périgord.


LE CHOC PRIMITIF

Bousculé par l’Histoire et l’Exode, Alain Roussot, né à Paris en 1937, a débarqué à Périgueux en 1940, à l’âge de trois ans. Il se souvient encore de son coup de foudre pour la sculpture de l’Homme primitif - l’Homme de Néandertal sculpté par Paul Dardé - qui trône sur la terrasse du musée des Eyzies-de-Tayac et l’envie qu’il eût d’étreindre ce géant à plein bras, avant de revenir plus tard le croquer. Voyez le joli croquis qu’il en fit à l’âge de treize ans.

Un peu plus tard, alors qu’il était déjà devenu un grand chasseur de silex taillés sur les chantiers de fouilles les plus réputés - Laugerie Basse, La Ferrassie, Le Moustier - il fit la connaissance de François Bordes, l’illustre professeur, fondateur de l’institut du Quaternaire, aujourd’hui Institut de Préhistoire et de Géologie du Quaternaire dont il ira suivre les cours plus tard à Bordeaux.

LA RENCONTRE AVEC L’ABBÉ BREUIL

Curieux, méthodique, rigoureux, il eût aussi l’intelligence de saisir la chance lorsqu’elle se présenta sous les traits de Miss Mary Elisabeth Boyle, la précieuse assistante de l’abbé Breuil, qui le fit entrer dans le cercle des proches de l’abbé, alors qu’il était encore tout jeune homme. Il raconte cet épisode avec modestie et humour dans l’interview qu’il nous a accordée chez lui, entre la troglodytique Roque Saint Christophe et l’abri du Moustier :
« Il m’a adopté, j’avais 15 ans, il ma donné mes premiers cours de dessin d’objets préhistoriques. Plus tard, il m’a mis dans « les pattes » de l’abbé Glory afin que je l’aide à faire les relevés de Lascaux ! »

L’AMITIÉ AVEC LE CHANOINE BOUYSSONIE

« J’ai ensuite bien connu l’abbé Jean Bouyssonie avec lequel j’ai entretenu au fil des années une relation très amicale et un abondant courrier. Il m’a envoyé 165 lettres que j’ai précieusement conservées. »
Les abbés Jean et Amédée Bouyssonie et leur jeune frère Paul, avaient été en 1908 les inventeurs de l’homme de la Chapelle-aux-Saints : la première sépulture néandertalienne identifiée comme telle, qui eut tellement d’importance dans l’émergence d’un nouveau regard porté sur la lignée Neandertal. Si bien que, sur ce sujet aussi, Alain Roussot est on ne peut mieux documenté.

L’ÉCHO DES CAVERNES

Entré dans le sérail, et conscient d’être au cœur d’un instant capital dans l’histoire de la science de la Préhistoire, Alain Roussot a su être le veilleur, le collecteur du fruit du travail des plus fins connaisseurs, entrant dans leur nombre. Pour autant, il n’est pas du tout comme dans le proverbe russe : « Le chien sur le foin ». Comprenez : il n’en mange pas, mais il grogne dès qu’on s’en approche. Tout au contraire, Alain Roussot aime partager, faire connaître, apprendre et montrer sans jamais se mettre en avant. C’est lui, par exemple, qui a vérifié le bon français et la justesse des données de la récente enquête du préhistorien américain Randal White : « l’Affaire de l’abri du poisson » publié chez Fanlac. Mais c’est par Randal White qui nous l‘avons su.

IL LIT LE BREUIL

C’est lui aussi qui nous a « traduit » la note de l’abbé Breuil décrivant la découverte en 1909 de l’Homme de La Ferrassie. Prodigieux document que nous avait transmis le professeur Jean-Louis Heim du musée de l’Homme à Paris, mais que nous n’avions pas réussi à lire intégralement.

Et puis, puisque nous étions venus pour cela à l'origine, Alain Roussot nous a parlé de Bernifal et de son signe particulier : le rarissime tectiforme, signe en forme de toit, terme inventé par l’abbé Breuil, en 1902, à Bernifal.
Ce signe à propos duquel on a émis toutes sortes d’hypothèses : hutte, piège à mammouth, cabane pour les ancêtres, etc. n’a été identifié à ce jour que dans quatre grottes au monde : Rouffignac, Font de Gaume, les Combarelles et Bernifal, et fonde à ce titre l’identité culturelle de ces quatre perles paléolithiques voisines des vallées des Beunes et de la Vézère. Le centre du monde, bien sûr, au centre duquel le centre de documentation que constitue Alain Roussot à lui tout seul n’est pas l’une des moindres merveilles.

Sophie Cattoire

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