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LA CÉRÉMONIE D'OFFRANDE DES MAINS DES PECH MERLIENS

Peu après le solstice d'été, dans un abri aménagé au dessus de la grotte qu'ils vénéraient, ils se réunissaient des journées entières dans le noir, guidés par une envoûtante main rouge projetée à dessein sur l'ultime paroi. C'était l'œuvre d'un certain "Tournebize", celui qui savait faire tourner les vents et transformer par un savant jeu de lumière une main d'enfant en main de géant. Attirés par cette vision, tous s'étaient assis et regardaient dans la même direction. Alors, dissimulé dans un locus plus petit nommé "cabine", le Tournebize agitait des galettes argentées avec doigté, jusqu'à ce qu'un rayon laser délivre leur secret gravé : des images filmées au temps où le film n'existait pas, déchiffrant les chapitres de la partie non écrite de leur histoire, leur antéhistoire.



L'ANTÉHISTOIRE, ANTÉCHRIST ET ANTÉDILUVIENNE

Peut-être avaient-ils besoin de se cacher, car en effet cette volonté farouche d'inscrire leurs origines dans une concrète temporalité dissipait bravement l'écran de fumée des mythes fondateurs instaurés par les religions. Ce culte de la vérité dans une période encore assez obscure – la naissance du fils de leur Dieu était encore, rappelons-le, le zéro de leur calendrier – les agitait frénétiquement depuis peu. En moins de deux siècles, leurs recherches archéologiques les avaient catapultés plusieurs millions d'années en arrière. De quoi être quelque peu tournebizés.

Notre hypothèse est que cette dimension nouvelle les angoissait et les fascinait concomitamment. Or, de tout temps, angoisse et fascination sont le moteur de l'évolution chez les hominidés. C'est pourquoi ils se réunissaient non plus dans une église mais bien sur un pic rocheux nommé "Pech Merle" pour tenter de se réapproprier l'infini continuum de leur passé. Car si l'éternité c'est long, surtout vers la fin, ils venaient de découvrir quelque peu ébahis que l'éternité c'est long, même au début.

SOUVENIRS NATURELS ET INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Chacun avait creusé à sa manière un bout de terre, un bout de temps, et apportait là ce qu'il avait cru comprendre grâce à un collage d'images et de sons. Images saisies sur le vif, dans la nature emplie de souvenirs, ou images fabriquées par les premières machines utilisant l'intelligence artificielle, tributaires de calculs très longs mais déjà en passe de traduire les images des rêves, comme nous le faisons de nos jours aisément à chaque réveil.

À l'issue de tous ces voyages, un clan de sages se réunissait pour choisir ceux qui auraient le privilège de repartir avec une main sous le bras. De jolies mains évidées dans une sorte de métal fabriqué alors et sur lequel on peut distinguer encore une signature : "André Ipiens", sans doute un Sapiens membre de cette tribu.

Des mains de ce type ont été retrouvées à travers toute l'Europe, plus ou moins oxydées mais toujours frappées de cette même marque, attestant d'une provenance commune.

CES FOSSILES QUI NOUS RENDENT MARTEAU

Combien de temps se sont-ils adonné à cette pratique ? Ont-ils réussi peu à peu à reconstituer sans a priori les différentes étapes de leur évolution ? Se sont-ils un beau jour sentis enfin tout poilus de leurs racines ? Leurs films ayant disparu – leurs galettes d'argent ne brillent plus guère – il est bien difficile de se prononcer.

Attention, voyage spatio-temporel dans l'autre sens

Que dirons de nous les archéologues dans 50 000 ans ? Seront-ils fatigués de retrouver par millions nos sépultures intactes en raison des quantités de conservateurs par nous ingérésé ? Seront-ce des Martiens ? Serons-nous pour eux des créatures arriérées, engluées dans leurs croyances et éperdues de savoir ? Des hordes de "Bouvard et Pécuchet" telles que décrites par Gustave Flaubert, attachantes bien que résolument pathétiques ?

Haut les cœurs ! Quoiqu'il en soit, courage fouillons ! La vérité n'est plus si loin et au fond, notre aspiration à la retrouver est déjà en soi un chemin vers notre libération. Oui, nous étions tous au Pech Merle dans la vallée du Lot pour entendre retentir le cri primal du premier festival de films consacrés entièrement à la Préhistoire : Objectif Préhistoire ! La dernière aventure moderne. Et nous y avons passé des moments d'exception, reclus sur le talus, tous en connexion, forcément. C'était fort, c'était chaud, c'était la vie. Vivement que ça recommence et que la tribu rassemblée par Bertrand Defoix et Clémentine Brandéis s'agrandisse. Hip hip hip hourra et bis repetita placent ! Il faut profiter des bonnes choses et reprendre de ce qu'on aime.

Sophie Cattoire


Palmarès Objectif Préhistoire 2012

Toute l'équipe du festival a le grand plaisir de vous annoncer le palmarès de cette première édition d'Objectif Préhistoire :
 
Le Grand Prix du Jury est attribué à "L'Homme de Florès ou le conte des derniers Hobbits" de Laurent Orluc.

Le Prix de la méditation scientifique est attribué à "Les premiers européens" d'Axel Clévenot.

Le Prix de l'approche originale est attribué à "Le Messager de Lascaux" de Bernard Férié.

Le Prix du Public est attribué à "Grands maîtres de la préhistoire, le génie magdalénien" de Philippe Plailly et Pierre-François Gaudry.

Le Prix des enfants est attribué à "Tadufeu" de M.Bellamy, C.Braconnot, F. Delfortrie, J.Jamme et O.Pierre.

Deux mentions spéciales du jury ont été attribuées à :
"Les montagnes néolithiques" de Rob Hope
"Le dernier paysan préhistorien" de Sophie Cattoire.

Toutes nos félicitations aux lauréats !


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