Photos de l'article Imprimer l'article Accueil Fermer cette fenêtre Imprimer l'article Accueil

TEMPS FORT THEATRE’S MASKED TRIBE

After settling in the Périgord Noir way back in the seventies, the Temps Fort Théâtre theatrical company are still busy inventing and reinventing their own special universal language through which they tackle existentialist problems. This particular form of theatrical language, often wordless, is the language of masks and music. The masks and the music are never quite the same from one performance to another - to heighten the story-telling. Dominique Sylvestre and Christian Brotschi invite us to follow the little white pebbles they scatter along the path of their make-believe world, as they evoke for us a few of the exciting and memorable moments in their theatrical company.


LA RÉVÉLATION DU "BREAD AND PUPPET THEATRE"

Nous sommes en 1969. Pour trois lycéens bretons, une fille et deux garçons, c’est l’année du Bac… et d’une révélation. Elle, Dominique, et eux, François et Melaine, découvrent sur scène le « Bread and Puppets Theatre », une troupe américaine qui pratique un théâtre politique, engagé, en réaction notamment contre la guerre du Viêt Nam qui bat son plein.

Plutôt que des mots, les comédiens utilisent des masques et des gestes. Leurs enfants sont aussi sur scène. Cette vie communautaire, cette façon directe de s’exprimer, séduisent les trois lycéens :

« Avec un métier comme ça, on pourrait vraiment exister ! »

Et c’est parti. Ils montent leur premier spectacle avec des masques « Hatikamaï », dans la foulée, et partent en tournée en Bretagne tout l’été.

« Nous faisions du stop, chacun avait un bout de décor sur le dos — se souvient Dominique Sylvestre, clef de voûte de la compagnie aujourd’hui encore — Nous étions sept à voyager ainsi. Lorsque la compagnie était rassemblée, le spectacle pouvait commencer, en plein air donc partout en fait. Le public était généreux. A la fin de l’été nous avons pu nous acheter un vieux camion. L’été suivant nous sommes partis dans les Alpes et à la fin de l’année nous sommes arrivés en Dordogne. »

LA PROVIDENCE ET SON CHÂTEAU EN PÉRIGORD

En Périgord, la troupe devient locataire d’une demeure du XVe siècle, le château de Montpeyran, à Saint-Avit-de-Vialard. Là, la compagnie s’installe, se pose comme dans un écrin idéal :

« On se chauffait au bois, il n’y avait pas l’eau ni le téléphone mais c’était un endroit prodigieux pour vivre comme pour travailler. Le propriétaire du château était pour nous un mécène, il nous consentait un très petit loyer. Quant à notre voisin agriculteur, Léopold Alix, il nous a bien souvent aidé. Nous avons vécu sans subvention pendant des années. »

Le Temps Fort Théâtre aura ce château comme lieu à vivre et à jouer pendant vingt sept ans. Comme lieu d’où partir pour mieux revenir aussi, au gré de ses nombreux voyages dans le monde entier.

LES MASQUES : PASSEPORT POUR LES MYTHES

« L’originalité de notre travail, explique Dominique Sylvestre, c’est que nous travaillons sur les mythes et légendes du monde entier en créant des masques et des costumes pour chaque spectacle. Nous cherchons avant tout un contact visuel et musical avec le public. »

L’avantage des spectacle sans paroles… c’est qu’ils sont polyglottes. Nul besoin de les traduire. Ce qui permet à la troupe de voyager dans le monde entier pour montrer son travail.

« Pour "Amour et Folie" spectacle baroque d’après les fables de La Fontaine, nous sommes partis en Indonésie. Nous avons travaillé avec des artistes et musiciens balinais qui ont une vraie culture de théâtre masqué. Ils nous ont beaucoup appris. Nous avons joué ensemble tout au long d'une tournée en Asie du Sud Est. »

Fidèle à l’inspiration du départ, le Temps Fort produit depuis trente-sept ans des spectacles sans paroles mais riches de messages.

"Les Grillons de Glace" est une fable sur les dérives de l’homme moderne.

Dans un pays chaud, le gardien du soleil, pris de folie, tue avec son arc l’astre de feu et c’est le désastre… La tribu qui vivait au soleil, dans de petites huttes en forme de grillons, se retrouve dans la nuit et la neige et finit par s’éteindre sur un îlot de glace.

"Le Passé Continu" créé pour le passage à l’AN 2000 aborde notre lien à la Préhistoire tel que l’envisage les peuples aborigènes d’Australie : le rêve n’a pas de fin, ce qui s’est passé se déroule encore et encore…

Cette création fut jouée dans deux sites des bords de la Vézère occupés depuis le Paléolithique Supérieur : le vallon de Gorge d’Enfer aux Eyzies-de-Tayac et la Roque-Saint-Christophe à Peyzac-le-Moustier, célèbre pour ses abris troglodytiques et sa somptueuse vue sur la vallée.

"Le Passé Continu" fut également joué à Adélaïde en Australie, et tourne à présent sous une forme plus légère, rebaptisée : "Mano Ména" notamment dans les écoles pour dire aux enfants : il n’y a qu’un seul pays, nous devons le partager.

L’AVENTURE CONTINUE

Depuis son enracinement en Périgord, le Temps Fort Théâtre a mis en scène vingt-neuf spectacles masqués originaux et a donné des représentations dans vingt-deux pays sur quatre continents. Il est depuis 1978 soutenu par le Ministère de la Culture, la Région Aquitaine et le Conseil Général de la Dordogne.

Depuis 1969 Dominique Sylvestre, co-fondatrice et actrice, continue de créer les masques et les costumes de la compagnie. Les deux autres lycéens à l’origine de l’aventure sont, eux, repartis : François Didier est sculpteur dans les Landes et Melaine Favennec, chanteur en Bretagne.

Le noyau dur du Temps Fort Théâtre c‘est aujourd’hui Dominique Sylvestre et Christian Brotschi, musicien, acteur et metteur en scène, installés à Mauzens Mirmemont, ainsi que Guylène Dolo, actrice et réalisatrice des costumes et Philippe Mathiaut, régisseur lumière. Eux sont établis à Saint-Avit-de-Vialard, non loin du château de Montpeyran.

La compagnie travaille actuellement sur le thème des peurs imaginaires, à la tombée de la nuit ... "Entre Chien et Loup". Ce sera le titre de la prochaine création prévue pour novembre 2006, au Palace à Périgueux.

Sophie CATTOIRE

Nous remercions Dominique Sylvestre et Christian Brotschi pour leur accueil et les documents qu'ils ont bien voulu nous confier.
Crédit photographique : Alain Bordes, photographe au Buisson de Cadouin



Copyright (c) Ferrassie-TV 2006